Quand on sent le besoin de se déposer, d’arrêter de macérer dans des pensées discursives qui tournent en rond et nous semblent nous aliéner du moment présent, de ne plus être en présence avec soi et les autres, le corps devient un ancrage, une balise, un repère. Pourquoi? Parce qu’il ne peut exister ailleurs qu’au présent.
Comment revenir dans le corps, l’honorer tout en se donnant un espace pour apaiser le mental et développer ses qualités altruistes de bienveillance, de compassion et de joie empathique?
Premièrement, prenons une posture alerte et décontractée, sans tension mais avec une droiture digne, peu importe si c’est assis sur un coussin, les jambes croisées, sur un banc ou une chaise. Invitons notre mental, au moyen d’une aspiration, à lâcher prise des préoccupations et à se dédier avec curiosité, joie et entrain à la tâche de revenir vers soi. Par exemple : Puissé-je me recentrer, revenir en présence, avec douceur, paix, calme.
Faisons quelques légers mouvements de détente, comme tourner les épaules vers l’arrière, tourner la tête doucement, expirer profondément, tout cela pour indiquer au corps que nous lui offrons un moment spécial, différent, de présence.
Notez comment le corps occupe l’espace autour de lui, sa posture, et percevez les endroits où il entre en contact avec l’environnement, les points de toucher physique avec votre support de méditation. Promenez votre attention là où ces points d’appui sont évidents, mais ne cherchez pas à provoquer des sensations physiques. Simplement, soyez témoin du corps en contact avec la matière.
Progressivement, amenez, avec douceur, gentillesse et curiosité, l’attention à percevoir les sensations physiques — lourd/léger, solide/mou, rugueux/lisse, chaud/froid — en partant de la tête et en descendant lentement, membre par membre. Laissez l’attention glisser, balayer le corps, partie par partie, des zones grandes comme votre main ouverte. Ne cherchez rien de particulier, sinon simplement l’expérience de ce que ce corps ressent physiquement.
Ces expériences seront plaisantes, déplaisantes ou ni l’un ni l’autre. Cela est normal, et nous n’en avons pas le contrôle. Simplement, notez : Ceci est plaisant, déplaisant, neutre, mais ce n’est pas à moi de choisir ni de contrôler. C’est à cela que ça ressemble, c’est tout.
Votre attention divague, se perd, oublie? Normal. Et si vous vous en êtes rendu compte, c’est que vous êtes déjà en présence de ce qui se passe maintenant. Vous pratiquez la pleine conscience, et grâce à cela, vous savez maintenant quand vous êtes là et quand vous êtes absent. Revenez à la partie corporelle où vous vous étiez arrêté, ou bien repartez de la tête, avec un sourire. C’est un entraînement.
La finalité, ce n’est pas d’être capable de noter tous les moindres détails ou de ne manquer aucune partie. Non.
La finalité, c’est d’accompagner amicalement votre mental dans cette observation curieuse, avec des qualités de bienveillance envers soi, pour percevoir la réalité physique du corps tout en lâchant prise de ce que nous voudrions que les choses soient ou deviennent.
Ainsi, nous créons les conditions de notre propre liberté intérieure, et la possibilité de laisser émerger une attention altruiste envers soi et les autres.