Vous connaissez probablement la définition moderne et courante formulée par Jon Kabat-Zinn : «Prêter attention d’une manière particulière: délibérément, dans le moment présent et sans jugement.» Ce qui passe souvent inaperçu, c’est que l’idée de pleine conscience (ou mindfulness) provient du bouddhisme.
Dans le bouddhisme, sati (ou smriti en sanskrit) désigne un facteur mental favorable. Il se caractérise par sa capacité à maintenir l’objet de l’attention sans vaciller, tout en remplissant la fonction d’ancrer cette attention. Cependant, sati n’est pas l’attention elle-même. L’attention, en tant que telle, est présente dans tout moment cognitif, de perception ou d’expérience, qu’il soit conscient ou non, intentionnel ou non.
La pleine conscience peut se manifester sous trois formes : une pratique, des états mentaux, et, finalement, un trait de personnalité, c’est-à-dire une disposition ou une posture naturelle de l’esprit. En tant que pratique, elle se cultive à travers des méditations spécifiques, comme l’observation de la respiration, de la posture, des sensations, des ressentis, des états mentaux eux-mêmes et des contenus de l’esprit (comme les qualités favorables ou défavorables de l’attitude mentale, ou encore les propriétés des phénomènes et des expériences). Elle se traduit également par une présence claire à ce que l’on fait, dit ou pense, ainsi qu’à la raison pour laquelle nous agissons, sans laisser échapper un seul instant de ce qui se passe.
En tant qu’état mental, la pleine conscience est une qualité de l’esprit qui influence notre manière de percevoir les choses. Elle nous permet de discerner si ce qui nous arrive tend à générer des états mentaux favorables ou défavorables et d’effectuer un choix conscient pour remédier aux états défavorables tout en cultivant ceux qui sont bénéfiques. La pleine conscience est peut-être exempte de jugement, mais elle n’est pas dénuée de discernement.
En tant que trait, elle représente une fondation, un refuge, une manière d’habiter son corps, son esprit et le monde tout en se protégeant des stimulations extérieures. Cela évite de se laisser emporter par le désir de plaisir, le dégoût ou l’aversion, ou de sombrer dans l’indifférence. La pleine conscience est une gardienne de l’équilibre intérieur: être dans le monde sans être du monde.
En définitive, la pleine conscience se pratique à travers la contemplation du corps, des ressentis, des états mentaux et des contenus mentaux. Elle implique de rester vigilant, de comprendre ce qui se passe en soi et autour de soi, tout en adoptant une présence alerte et en abandonnant les envies ou les aversions envers le monde sensoriel.