PAIX: I pour impersonnel, impermanent, imparfait et interdépendant

Les quatre I désignent quatre aspects ou caractéristiques des expériences. Les expériences sont:

  • impersonnelles
  • impermanentes
  • imparfaites
  • interdépendantes

Au fur et à mesure que vous discernez le fonctionnement de votre esprit, vous vous apercevrez que vos pensées et vos émotions influencent votre façon de voir le monde. Cela peut vous aider à transformer les défis et l’adversité en opportunités de croissance et de compréhension.

Les expériences sont impersonnelles

Lorsque nous prenons le temps de nous poser et de nous calmer — de développer un calme — nous pouvons progressivement nous apercevoir que bien des phénomènes surviennent sans notre intervention délibérée. Notre environnement contient des stimulis sensoriels, nous les percevons, et en même temps nous ne sommes pas ces stimulis. Nous prenons conscience du fait que nous entendons, voyons, sentons, etc., mais nous ne sommes ni ces stimulis ni même ces expériences sensorielles. Les stimulis et les expériences sensorielles surviennent sans que nous en ayons le contrôle. Si ces dernières étaient «je», « moi-même» et «miennes», certainement que je pourrais les contrôler et décider de ce que je veux qu’il arrive. Mais ce n’est pas le cas. Ces expériences sont impersonnelles: elles ne sont ni «je», ni «moi-même», ni «les miennes».

Même les sensations physiques auxquelles nous portons attention échappent à notre contrôle. Nous ne pouvons agir directement dessus pour les modifier. Nous pouvons agir sur la posture du corps, sur des gestes, mais ne nous pouvons pas simplement décider de changer une sensation sans rien faire. Si nous devons agir sur des causes et des conditions en-dehors des sensations elles-mêmes pour avoir un impact sur ces sensations, c’est que ces sensations ne sont pas «je», «moi-même» et «mien·ne·s».

On peut pousser cette investigation plus loin encore: les pensées, émotions et sentiments qui me traversent l’esprit sont aussi impersonnels. Nous pouvons prendre du recul par rapport à l’immédiateté de nos expériences, en les laissant se déployer dans l’espace du calme intérieur. Nous pouvons nous rendre compte que les contenus mentaux sont des interprétations que nous nous fabriquons. Ces fabrications mentales ne sont pas des réalités objectives. Et nous ne sommes pas ces fabrications, elles ne sont pas «je», ni «moi-même», ni «miennes». Nous ne nous limitons pas à être ces constructions et formations, mais nous en faisons simplement une expérience impersonnelle.

Les expériences sont impermanentes

De la même manière que les stimulis, les expériences des sens et les contenus mentaux sont impersonnels, ils sont également impermanents. Avec plus de calme et de paix, nous pouvons observer que ces phénomènes vont et viennent, que nous ne pouvons pas agir directement sur leur durée. Nous pouvons noter leur apparition, leur développement, leur disparition et leur absence — les regarder passer. La plupart du temps, notre esprit s’accroche et s’attache aux expériences, car il croit qu’il peut soit les faire durer quand elles sont vécues comme plaisantes, soit les faire arrêter quand elles sont vécues comme déplaisantes. Ce désir de faire prolonger et cette aversion de faire arrêter les expériences est l’expression de notre incompréhension de leur impermanence.

Portez attention au va-et-vient des stimulis sensoriels, des expériences des sens (entendre, voir, sentir, toucher, goûter) et des contenus mentaux (pensées, émotions, sentiments). Revenez à un ancrage de méditation, à un centre, et laissez se déployer organiquement les phénomènes en périphérie de votre attention. Ne cherchez pas à fixer ces phénomènes, c’est-à-dire à vous absorber dedans ou à chercher des solutions. Laissez la nature impermanente des expériences prendre soin des expériences elles-mêmes.

Les expériences sont imparfaites

Quoi que nous fassions, il y a toujours une limite à ce que nous pouvons faire pour améliorer nos expériences. Parce qu’elles changent et parce qu’elles sont hors du contrôle absolu du «je», «moi», «mien·ne», les expériences échappent instant après instant à nos idéaux.

Remarquez comment le corps et l’esprit tentent, chaque instant, de faire quelque chose pour améliorer l’expérience. Hors, chaque expérience vécue disparaît immédiatement et est suivie d’une autre expérience. Nous n’avons donc jamais de prise sur une expérience du moment présent. Aussitôt qu’une expérience est vécue, elle est suivie d’une nouvelle, et ainsi de suite.

Tous les petits gestes, les actions que nous posons en méditant, même les pensées qui surviennent, sont souvent l’expression d’un inconfort que nous avons face à l’expérience. Cela signifie que nous souhaiterions que l’expérience soit autrement — qu’elle soit plus parfaite. C’est cette réaction même qui est la preuve que nous ne nous contentons que rarement de vivre pleinement l’imperfection des expériences. Nous réagissons à une foule de micro-insatisfactions en changeant de posture, en disant quelque chose, en posant une action.

La pratique ici est de se rendre compte de ce désir de contrôle et d’amélioration, et de simplement lâcher prise. De revenir à l’expérience du moment présent, avec un entrain et une curiosité. C’est aussi une pratique d’acceptation de nos expériences telles qu’elles sont. Si nous ne pouvons décider objectivement de nos expériences, nous pouvons toutefois nous entrainer à la façon dont nous répondons à celles-ci: avec une qualité de présence bienveillante et compatissante.

Les expériences sont interdépendantes

Lorsque vous pratiquez la présence attentive et portez votre attention sur un objet de méditation, prenez quelques instants pour contempler les causes et les conditions qui rendent cette expérience possible. Les stimulis sensoriels dépendent de plein de facteurs physiques, humains et naturels. Les expériences sensorielles dépendent d’un corps en contact avec la matière, de sensations plaisantes, déplaisantes ou neutres, de perceptions et de pensées, émotions et sentiments. Les contenus mentaux (pensées, etc.) dépendent aussi du corps en relation avec son environnement, de désirs ou d’aversions, de curiosité ou de bienveillance-compassion, etc.

Lorsque l’interdépendance au sein des expériences devient plus claire, nous réalisons que nous avons bien peu de contrôle sur les causes et conditions. L’essentiel est de mieux nous comprendre nous-même afin de cultiver des réponses plus adéquates face à nos expériences. Pour cela, nous développons une qualité de présence et reconnaissons l’intention qui nous accompagneront à travers la complexité du monde.

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